Christelle où l’humilité des détails
Nous avions laissé sonner les cloches de la collégiale à l’heure de l’angélus du soir ; David et Sylvia nous quittaient pour rejoindre le Portugal.
Il y eu un soir, il y eu un matin… très tôt, à l’heure où l’aube détache à peine les ombres des voûtes gothiques du cloitre… à l’heure où les hirondelles ébrouent leur sommeil pour remplacer les chauves-souris autour des pierres sans âges, des pas discrets, presque silencieux, glissent sur les dalles et se faufilent, discrètement, jusqu’à la porte principale de la collégiale.
La clé tourne dans la serrure et la lumière du matin s’avance alors doucement dans le noble bâtiment qui accueille sa première visite : Christelle, la nouvelle sacristine de St-Ursanne.
Elle répète en sa tête toutes les tâches à accomplir et, méthodiquement, religieusement, reproduit les gestes qu’avant elles, des générations de sacristains ont réalisé : tout est fait, parfaitement, dans le détail, discrètement, en prenant le temps.
Mais oui au fait ? ne s’agit-il pas de la première femme à occuper cette mission en notre collégiale ? Ce simple constat, si « ordinaire en d’autres lieux et en notre temps » me direz-vous, nous montre, avec tant d’autres choses, qu’en Eglise, il n’y a pas de révolution, mais de l’évolution ; trop lente pour certaines ou certains, trop rapides pour d’autres : c’est ainsi ; l’Eglise, comme le jour, les semaines ou les saisons, s’avance à son rythme, tout simplement.
Et le jour s’avance justement ; il est temps que la sacristine ne change de rôle et devienne factrice pour la matinée. Discrète, humble, mais bien « posée », elle reviendra en fin de journée, lorsque le jour sera passé ! Les cloches sonneront l’angélus du soir et nous inviteront à remercier le Seigneur pour tout ce que nous avons vécu en ce jour de bon, de beau et de bien ; à le remercier également pour toutes les personnes qui répondent à son appel ; quel qu’il soit !
Christelle, toute la communauté te souhaite un bon service de sacristine, et que tu puisses t’y épanouir durant de longues années.
Patrick Godat